Atomic Mac, février 2021 : préservons le Mont Vanille

L’opposition déterminée au projet de carrière dans le Mont-Vanille Royans Vercors, la catastrophe de Fukushima toujours en cours, le traité d’interdiction des armes nucléaires, les déchets nucléaires à cacher sous le tapis et Chantal Goya, voici quelques-uns des sujets abordés dans notre émission radio de février.


L’émission

  • 01 min : À Fukushima, le retrait du combustible retardé, par Georges
  • 04 min : Le traité d’interdiction des armes nucléaires signe-t-il le début de la fin pour la bombe atomique ? par Kim
  • 08 min : « Il y avait une ville », Claude Nougaro
  • 10 min : l’interview de Thierry et Carole de l’association Protégeons le Mont Vanille Royans-Vercors, partie 1/2
  • 21 min : « La poussière est une sorcière », Chantal Goya
  • 23 min : l’interview de Thierry et Carole, partie 2/2
  • 32 min : Mettre la poussière sous le tapis, par Dominique
  • 36 min : l’agenda, par Céline
  • 40 min : « The suburbs », Arcade Fire

À Fukushima, le retrait du combustible retardé

par Georges

En effet, le retrait du combustible fondu de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima au Japon sera repoussé d’environ un an car la pandémie de coronavirus a freiné le développement d’équipements spécialisés, a annoncé jeudi son opérateur.Tepco devait commencer à retirer le combustible fondu de l’un des réacteurs l’année prochaine, une décennie après la triple catastrophe (séisme, tsunami et accident nucléaire) qui a frappé le Japon le 11 mars 2011.Cette opération est considérée comme la plus complexe du processus de démantèlement, qui doit durer 30 à 40 ans, et Tepco avait prévu de développer au Royaume-Uni un bras robotique avant de le transférer au Japon début 2021 pour lancer les opérations.

« Mais à cause de la recrudescence des infections au coronavirus au Royaume-Uni, le développement a été retardé », a expliqué lors d’une conférence de presse Akira Ono, directeur de la filiale de Tepco chargée du démantèlement, ajoutant que l’opérateur souhaitait désormais réaliser une partie des tests au Japon.Le processus doit prendre plusieurs années pour le réacteur 2, qui contiendrait 237 tonnes de combustible fondu et de débris, selon l’agence de presse Kyodo. Les réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale contiendraient au total 880 tonnes de ce mélange.

Ce report est « regrettable », a admis Akira Ono, mais il l’a jugé peu susceptible de retarder l’ensemble du processus de démantèlement, censé se terminer entre 2041 et 2051.

L’ Opérateur est face à d’autres questions épineuses, comme la manière de se débarrasser d’environ 1,23 million de tonnes d’eau contaminée, actuellement stockée dans plus d’un millier de citernes à proximité de la centrale.La triple catastrophe du 11 mars 2011 au Japon avait fait quelque 18.000 morts ou disparus.

-INFO DE TEPCO : Publié sur le site internet de l’association  L’ACROnique de Fukushima,le 22 janvier,TEPCo  annonce avoir reçu le 108ème versement financier de la part de la structure gouvernementale de soutien qui lui avance de l’argent pour les indemnisations : 4,5 milliards de yens (35,7 millions d’euros au cours actuel). Rappelons que cet argent est prêté sans intérêt.En prenant en compte ce versement et les 188,9 milliards de yens venant de l’Act on Contract for Indemnification of Nuclear Damage Compensation, TEPCo annonce avoir reçu un total de 9 716,5 milliards de yens (77,1 milliards d’euros au cours actuel), en incluant le présent versement et cela ne suffira pas.

Une cour d’appel confirme une condamnation de TEPCo à indemniser des déplacés, mais ne considère plus l’Etat comme responsable ( source ACRO janvier 2021 ) cette info sera dévellopée dans le prochain billet.

Source  : Le Parisien avec AFP le 24 décembre  2020


Le traité d’interdiction des armes nucléaires signe-t-il le début de la fin pour la bombe atomique ?

par Kim

Kim, tu vas nous parler d’armes nucléaires : le TIAN, traité d’interdiction des armes nucléaires, vient d’entrer en vigueur…
Oui, il s’agit d’un traité international juridiquement contraignant qui interdit la possession, l’usage, la menace d’utilisation et le financement des armes nucléaires. Il est entré en vigueur le 22 janvier dernier, et donc, depuis cette date, la bombe atomique est illégale au regard du droit international.
L’entrée en vigueur de ce traité est la dernière étape en date d’un long cheminement puisque la campagne ICAN, campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, a été lancée en 2007. L’adoption du texte à l’ONU a valu à ICAN le prix Nobel de la Paix en 2017.

Et la France, dans tout ça ?
L’État français refuse catégoriquement l’hypothèse d’un désarmement nucléaire. Elle a pratiqué la politique de la chaise vide lors des négociations à l’ONU. Et Emmanuel Macron est le dernier d’une longue liste de présidents à réaffirmer son attachement à la bombe atomique. Voici ce qu’il déclarait, depuis l’usine Framatome au Creusot, en décembre 2020 : « opposer nucléaire civil et nucléaire militaire en termes de production comme, en termes d’ailleurs de recherche, n’a pas de sens pour un pays comme le nôtre. (…) L’un ne va pas sans l’autre. Sans nucléaire civil, pas de nucléaire militaire, sans nucléaire militaire, pas de nucléaire civil. »
De cette manière, l’État français s’enferre dans trois contradictions : (1) il critique le désarmement unilatéral tout en se vantant des mesures de réduction de son armement, (2) il prône le multilatéralisme en théorie mais ne le met pas en pratique, (3) il souhaite faire inscrire la préservation de l’environnement dans la Constitution alors que l’usage d’armes nucléaires aurait des conséquences catastrophiques sur les plans humains et environnementaux.

Un argument avancé en faveur de la dissuasion nucléaire est que c’est un facteur de stabilité mondiale, et qu’elle garantit la paix entre les nations.
On va examiner de plus près cet argument. Tout d’abord, depuis la mise au point de la bombe atomique en 1945, on ne peut pas vraiment dire que les conflits armés sont moins nombreux.
Même les États détenteurs de l’arme nucléaire sont entrés en conflit direct : les îles Malouines, appartenant au Royaume-Uni, ont été envahies par l’Argentine en 1982. Autre exemple : lors de la guerre du Kippour en 1973, le plateau du Golan et la péninsule du Sinaï, territoires occupés par Israël, ont été attaqués par les armées syrienne et égyptienne, causant la mort de 20 à 30 000 personnes. Et ce, alors qu’Israël était doté de l’arme nucléaire depuis 1969.
En suivant cette logique, la possession de la bombe atomique renforcerait la nécessité pour les pays qui ne l’ont pas de s’en doter pour rééquilibrer le rapport de force. Dire que la dissuasion nucléaire assure la paix revient à inciter les États à se lancer dans la course à l’armement.
Espérons que le traité d’interdiction des armes nucléaires puisse mettre fin à cette dangereuse escalade.

Et c’est un sujet qu’on va continuer de creuser
Oui, on va proposer, dans quelques jours, un entretien spécial, en podcast, sur le thème suivant : « Armes nucléaires : le début de la fin ? », ce sera avec Patrice Bouveret, le directeur de l’observatoire des armements.

À retrouver sur notre site Internet et notre page Facebook.

 


Mettre la poussière sous le tapis

par Dominique H

Que faire des déchets, c’est une question qui revient souvent et montre, hélas, qu’ aux difficultés techniques s’ajoute l’irresponsabilité. Prenons deux exemples: stocamine, CIGEO.

Stocamine est une ancienne mine de potasse d’Alsace reconvertie en site de stockage de déchets industriels toxiques: mercure, chrome, arsenic, etc. CIGEO (acronyme de centre industriel de stockage géologique) désigne le projet d’enfouir entre Meuse et Haute Marne, à 500 m de profondeur, les déchets ultimes issus du nucléaire. Dans les deux cas, l’enfouissement est considéré comme la meilleure manière, et la plus sûre, de faire disparaître des produits encombrants dont le volume augmente inexorablement. Dans les deux cas, élus et riverains manifestent leur opposition, dans les deux cas, on ne les écoute pas.

Quels enseignements nous donne l’histoire de Stocamine?

La mine, entrée en exploitation en 1999, devait recevoir 320 000 tonnes de déchets . En 2002, elle en contient 42 000 lorsqu’un incendie, pourtant  jugé impossible, interrompt toute activité. Suivent des années d’hésitations. Le débat porte entre condamnation de la mine et déstockage, total ou partiel. Déstocker, c’est extraire puis retraiter des matériaux usagés. Dans un terrain qu’on disait stable mais qui est en fait parcouru par une faille sismique et que les excavations ont encore fragilisé, ce travail est très dangereux. Le confinement pose d’autres problèmes: peut-on techniquement le réaliser? Comment évolueront les matières stockées? On connaît très mal les effets cocktail liés à la juxtaposition de produits différents et le risque est, ni plus ni moins, la pollution de la nappe phréatique rhénane dont dépendent 7 millions de personnes. Le pire est l’irréversibilité d’un tel processus, longtemps niée, aujourd’hui reconnue par Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Elle vient pourtant de trancher pour le confinement immédiat !

 Et Cigéo?

Avec Cigéo, il s’agit d’enfouir près de Bure 30 000 mètres cubes par an de déchets issus du nucléaire dont 3% resteront radioactifs pendant des dizaines ou des centaines de milliers d’années. Les travaux commenceraient en 2025 et le site, rempli en 2150, serait fermé et entrerait dans une phase indéfinie de surveillance. Sauf que, comme pour Stocamine, l’incertitude et l’opacité règnent: sur la nature et le nombre de déchets stockés, leur évolution  possible sur une telle durée, l’imperméabilité et la stabilité du site à long terme. Et là encore, l’irréversibilité! En cas de problème, impossible, comme à Stocamine,  de récupérer les fûts enfouis.

Que faire alors?

Sur les deux sites, les oppositions d’élus, de citoyens et d’associations sont déterminées et leurs positions étayées. On estime en Alsace que le déstockage, indispensable à la sécurité, pourrait être réalisé par des robots, permettant de développer avec l’Allemagne et la Suisse une technologie d’avenir. Les opposants de Bure refusent qu’on mette en danger les générations futures. Cigeo, c’est l’impasse du nucléaire qui pose plus de problèmes qu’il n’en résout.

       Mettre la poussière sous le tapis, ce n’est pas raisonnable. Enfouir des déchets toxiques pour des centaines d’années et de façon irréversible, c’est criminel. Il faut l’empêcher!