FLASHBACK N°4 - Lundi 28 avril 1986 - CRIIRAD

Lundi 28 avril 1986

En Suède, dans la matinée du 28 avril, l’entrée sur site d’un employé de la centrale nucléaire de Forsmark provoque le déclenchement d’un détecteur de radioactivité. Des vérifications montrent que les vêtements de tous les employés sont contaminés. Les responsables pensent d’abord qu’une fuite s’est produite sur leur installation. Ils déclarent l’état d’urgence, alertent les autorités mais il s’avère bientôt que la source est extérieure au site. L’élévation des débits de dose est confirmée  sur d’autres sites nucléaires tant civils que militaires, et notamment à 180 km au sud-ouest (90 km au SO de Stockholm). Il est confirmé que l’augmentation de la radioactivité a commencé dès le 27 avril au soir. L’analyse des filtres permet d’identifier les produits radioactifs présents dans l’air et l’étude des conditions météorologiques permet de déterminer la provenance des panaches radioactifs. Les soupçons s’orientent ainsi vers un réacteur qui utiliserait du graphite et serait implanté au sud-est, en Russie. Cela pourrait correspondre à un réacteur de la filière RBMK. On peut songer aux centrales d’Ignalina, en Lituanie, de Smolensk et Tchernobyl, en Russie.

 

 

Tchernobyl – Forsmark : 1250 km

 

Interrogées par un responsable de l’ambassade de Suède à Moscou, les autorités soviétiques démentent tout accident. De leur côté, secret défense oblige, les américains refusent de communiquer les données de leurs satellites espions. Les autorités suédoises décident cependant de lancer l’alerte. Une dépêche de l’agence Associated Press annonce qu’en Suède, tôt dans la matinée, ont été détectés « des niveaux de radioactivité inhabituellement élevés, apportés vers la Scandinavie par des vents venant d’Union soviétique ».

Le même jour, en fin d’après-midi, les autorités soviétiques reconnaissent enfin la survenue d’un accident, sans pour autant en préciser la date. En fin de journée, un communiqué de l’agence TASS, organe officiel de l’URSS, est lu aux informations télévisées soviétiques et diffusé sur les radios officielles. Il précise que l’accident est survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, dans la région de Kiev. « Un des réacteurs atomiques a été endommagé et des mesures sont prises pour éliminer les conséquences de l’accident. »

Les populations ukrainiennes, biélorusses et russes apprennent ainsi, avec près de 3 jours (2 jours et demi)  de retard, l’existence de l’accident… sans pour autant être informées de sa gravité, encore moins des mesures de protection à prendre.

Les premières informations diffusées en France augurent de ce qui se passera ensuite.

À 21 heures 52, un premier communiqué AFP rapporte les déclarations d’un représentant du SCPRI qui réagit à l’analyse des autorités suédoises et qui doute que la radioactivité détectée en Suède puisse provenir d’un accident grave survenu sur une installation lointaine. Deux minutes plus tard, à 21 heures 54, un second communiqué de l’AFP relaie l’aveu des autorités soviétiques et annonce que l’accident est survenu à la centrale de Tchernobyl, située à plus de 1 200 kilomètres de la Suède 

 

La progression des panaches radioactifs

72H APRÈS L’EXPLOSION

Le 29/04 à 1h30, 3 jours après les explosions, le panache radioactif a progressé à l’ouest au-delà de la Norvège et à l’est vers la Sibérie. Cela fait déjà 3 jours que les dépôts radioactifs s’accumulent sur le nord de l’Ukraine, la Biélorussie et la Pologne.

 

 

 



 

À la centrale de Tchernobyl, les rejets ont très légèrement diminué par rapport au 26 avril, mais ils sont toujours aussi effarants : 150 PBq le 27 avril et environ 130 PBq le 28 avril. Les hélicoptères n’en finissent pas de larguer leur chargement au-dessus du réacteur.

 

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