Transports de combustibles nucléaires et matières irradiées : Le Préfet de la Drôme sollicité

Lettre à M. le Préfet de la Drôme
Vendredi 28 juin 2013


Objet : Demande de rencontre à propos des différents transports de combustibles nucléaires et matières irradiées dans la Drôme

Monsieur le Préfet,

     Lors de notre action du mercredi 19 juin 2013 devant l’usine Georges Besse 2 du site électronucléaire du Tricastin, le colonel de gendarmerie nous a signalé que vous étiez disposé à nous rencontrer pour discuter du thème des transports de combustibles nucléaires et de matières irradiées dans la Drôme. Nous sommes demandeurs de cette entrevue depuis de nombreuses années et notre comité compte multiplier les actions de sensibilisation de la population et des élus sur ces transports tant que des dispositions de consultations et d’informations des maires de nos communes n'auront pas été mises en place et tant qu’une réflexion sur la sécurité des riverains et des personnels chargés de ces convois (cheminots, conducteurs et accompagnateurs des camions, forces de police et de gendarmerie, salariés d’EDF, d’Aréva ...) n’aura pas eu lieu.

La Drôme est traversée journellement par de multiples convois de combustibles et de déchets nucléaires :

Sur les routes :

-        Dans le sud du département : quatre camions par jour d’UF4 en provenance de l'usine Comurhex de Malvési dans l’Aude et à destination du Tricastin longent les communes voisines du site

-        Sur l'autoroute A7 : des combustibles sont transportés par des camions

-        Sur l’autoroute A7 encore : des camions de MOX et de plutonium sont régulièrement acheminés depuis, ou vers, les usines de La Hague et de la FBFC à Romans sur-Isère.

-        Sur la départementale 538 (itinéraire de détournement de l'autoroute A7) : des convois exceptionnels de déchets particulièrement encombrants sont régulièrement signalés dans de nombreux villages et agglomérations. Ces objets sont en provenance des quatre centrales encadrant la Drôme (Bugey, Tricastin, St Alban et Cruas). Il est à craindre qu'avec le démantèlement de l'usine Georges Besse 1, les convois de déchets radioactifs se multiplient de façon importante dans notre vallée.

Sur les voies ferrées, le long du Rhône, tant sur le côté Drômois qu'Ardèchois :

-        Des convois réguliers de wagons bâchés de « Yellowcake » et d’UF6 circulent. C'est l'un de ces convois qui a déraillé en gare de St Rambert d’Albon en début d’année 2013.

-        Un ou deux « châteaux » particulièrement irradiants de combustible usé en provenance des trois centrales (Tricastin, St Alban et Cruas) traversent chaque semaine de nombreuses communes d’Ardèche et de la Drôme dont Montélimar et Valence et stationnent en gares SNCF de St Rambert d’Albon, Portes lès Valence, le Teil etc.

-        Le rail est également utilisé pour des transports de déchets exceptionnels comme en décembre 2010 (14 wagons émettant des rayonnements radioactifs en gare de Valence) ou en juin 2011 (un train complet de Yellow Cake (concentré d'Uranium) émettant lui aussi du rayonnement était manœuvré en gare de Portes lès Valence).

Cette liste n’est pas exhaustive et l’opacité qui règne tant sur les itinéraires que sur la périodicité de ces transports, loin de les « protéger » d’attentats terroristes, crée une forme de banalisation particulièrement nocive qui pourrait, à terme, être à l'origine d’un accident majeur dans notre département. La consultation des Plans Particuliers d'Intervention de certaines communes du département est à ce titre particulièrement parlante. Ces transports y sont systématiquement omis et les maires que nous avons interrogés déclarent tous ignorer les dangers et les mesures de sécurité qu’ils devraient prendre en cas d’accidents sur leur territoire.

Cette banalisation a aussi des effets sur les pratiques exercées en matière de sécurité par les entreprises EDF, SNCF et Aréva :

-        En 1998, 38% des châteaux nucléaires étaient contaminés à cause d’une baisse régulière de l’attention des agents EDF conduisant le gouvernement de l’époque à mettre fin durant une année aux transports des combustibles usé à destination de la Hague.

-        Lors du déraillement de janvier 2013 en gare de St Rambert d’Albon, ces entreprises ont « oublié » de signaler deux châteaux nucléaires à proximité du convoi qui a déraillé.

Des convois encombrants et lourds de couvercles de cuves irradiées traversent à faible vitesse maints villages situés le long de la RD 538. Ils croisent de nombreux véhicules et longent des façades de maison sans aucune protection pour les riverains.

Si nous ne négligeons pas l’argument « sécurité » développé par vos services pour motiver l’opacité entourant ces différents transports, il nous apparait aujourd’hui que les inconvénients d’une telle politique dépassent largement les avantages attendus.

Bien sûr, nous savons qu'étant le représentant de l'Etat dans notre département et non le décideur de la politique nucléaire française, un entretien avec vous ayant pour objet l’arrêt total de ce trafic routier et ferré serait vain. Toutefois nous souhaitons faire le point avec vous de l’utilité de certains transports, de leur limitation, voire de certaines suppressions.

Afin de préparer au mieux cet échange, nous souhaiterions que vos services nous fournissent les documents et informations suivants :

-          le Dossier Départemental sur les Risques Majeurs  – D.D.R.M - article R125-11  du Code de l’Environnement - et en particulier les informations essentielles sur les risques naturels et technologiques majeurs du département. des communes de la Drôme concernées par le passage de convois sur route ou voie ferrée de matières irradiantes

-          Détail des mesures que vous seriez amené à prendre en cas d’accident routier ou ferré en fonction des matières transportées et description des zones d’évacuations envisagées.

-          Éléments d’informations (scientifiques, techniques….) sur lesquels vous baserez vos décisions en matière de sécurité publique en cas d’accident.

-          Quelle politique d’information du public et des élus développez-vous et quelles réflexions menez-vous pour l’améliorer ?

-          De quels éléments d’analyse et de quels moyens disposez-vous pour contrôler le respect par les entreprises concernées (y compris les entreprises sous traitantes) des lois et dispositions en vigueur en matière de sécurité des transports ?

-          L’ASN (CNHSCT de la SNCF note de l’ASN du 26 octobre 2010 page 4 point V)  déclare ne pas être en charge de vérifier la sureté des itinéraires ferrés (état des voies, nombre de tunnels, de passages à niveau, d’interdiction de croisement), le transporteur (la SNCF) en étant le garant. Quels rapports avez-vous avec cette entreprise ? Des échanges ont-ils lieu avec vos services ?

-          Quels sont les scénarios d’accidents nucléaires causés par un transport étudiés par vos services ? Incluent-ils un déraillement avec prise en écharpe par un autre train, un incendie dans un tunnel comme celui de Valence Ville, un accident routier sur un passage à niveau, une collision en chaine d’un transport de plutonium ou de Mox sur l’autoroute A7… ?

-          A propos de transports d'UF4 : quelle est la quantité de matière transportée par jour, par camion) ? Combien de camions circulent chaque jour ? Chaque semaine ?  Quelle est l'activité radioactive des colis ? Quelles sont les mesures de protections mises en place à destination des conducteurs de camion ? Quel contrôle est-il exercé ? Quelles sont les sociétés en charge de ces transports ? Sont-ils sous-traités ?

-          Des transports de matières nucléaires militaires ont-ils lieu dans notre département ? Quelles en sont la fréquence, la nature ? Quels sont les villes et villages traversés ?

Nous sommes convaincus que si l’expérience et la compétence des salariés des transports, des élus municipaux et des associations n’ont pas plus d’importance que celles des services de l’état (ASN, Pompiers) et des entreprises du secteur nucléaire civil et militaire, elles n’en ont pas moins pour autant. Nous souhaitons donc une rencontre de travail sans langue de bois avec pour seul et unique objectif la sécurité des habitants, des salariés, des secours et des services de sécurité de notre département.

Dans l’attente de votre réponse et d’une proposition de date de rencontre, recevez, M. le Préfet, l’expression de notre haute considération.

Mme Malfay-Régnier Christine    M. Duflos Pierric    M Malvaud Dominique

Sortir du Nucléaire 26-07
Membre du collectif STOP Tricastin

09.72.35.89.60 / contact@sdn26-07.org

Ce billet n'a pas de rétroliens

URL de rétrolien : http://www.sdn26-07.org/leblog/index.php?trackback/143