Projection du film MUNEN au Navire mardi 21 mars à 20h : déclaration de la délégation japonaise

Nous sommes de la commune de Namie dont la population entière a été évacuée il y a 6 ans, suite à l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, qui a suivi le grand séisme à l’Est du Japon.

(Namie est une commune étendue, située entre 5 et 40 km de la centrale nucléaire)

 

Ce 31 mars 2017, l’ordre d’évacuation sera levé à Namie, sauf pour une partie qui restera classée comme « zone où le retour est difficile ».

C’est la volonté forte du gouvernement central qui a entraîné cette décision.

En acceptant cette décision, le maire de Namie est devenu la cible de critiques sévères à la fois de l’intérieur et de l’extérieur de la commune.

 

Les habitants de Namie sont agités de sentiments divers.

Il y a de la colère contre la non prise en compte des avis de la population. Celle-ci considère que l’objectif des réunions de consultation était simplement de calmer le jeu.

Il y a de la résignation chez ceux qui disent que c’était décidé par avance.

C’est en larmes que le maire a déclaré la levée de l’ordre d’évacuation.

 

Cette déclaration aurait du être accompagnée de joie et non pas de larmes, puisque cela devrait signifier que nous pouvions finalement rentrer chez nous.

Il semble que si le maire a pleuré, c’est qu'on l’a obligé à prendre cette décision.

 

Face au désastre nucléaire, rien n’est clair pour nous.

Certains disent que la nourriture de la région de Fukushima est dangereuse. Certains disent que non, elle est sans risque.

Les uns disent que les cancers de la thyroïde sont dûs à l’accident. D’autres disent qu’il n’y a pas de lien de causalité.

Tantôt on nous dit qu’il n’y a plus d’émission de radioactivité depuis la centrale nucléaire endommagée, tantôt, si !

 

Il n’y a plus personne en qui nous pouvons avoir confiance.

Immédiatement après l’accident, les média ont fui Fukushima, puis ils ont émis les actualités à partir de Tokyo en disant qu’il n’y avait rien à craindre à Fukushima.

 

Le seuil internationalement accepté de radioactivité pour la santé publique est 1mSv/an. Pourtant, le seuil a été augmenté jusqu’à 20mSv pour la population de Fukushima sans justification.

Le gouvernement central nous dit de retourner à Namie puisque maintenant c’est sans risque sanitaire, ….la radioactivité étant descendue au-dessous de 20mSv/an.

 

Aujourd’hui, parmi la population de Fukushima, 104 000 personnes, évacués de force et auto-évacués, à l’intérieur et à l’extérieur du département de Fukushima, vivent encore comme réfugies nucléaires.

 

Ce nombre va sans doute diminuer au fil du temps.

Cependant, indépendamment de notre décision de retourner ou de ne pas retourner dans notre région natale suite à la levée de l’ordre d’évacuation, nous allons continuer à errer éternellement entre la méfiance et l’angoisse.

 

Une vie de réfugié à perpétuité, voilà ce que signifie l’évacuation suite à l’accident nucléaire.

Ce que nous souhaitons vivement, c’est que personne d’autre dans le monde ne vive la même souffrance que nous.

 

Yoshihiro OZAWA

Membre de l’équipe de témoignage de Namie

 

 

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