Rencontre avec le colonel BOLZINGER du SDIS Drôme et le commandant Maurin responsable des équipes « Risques Technologiques »

Cet entretien fait suite à notre rencontre avec le préfet de la Drôme qui affirmait qu’en cas d’accident nucléaire sa seule source d’information décisionnelle serait le SDIS.

Rappelons qu’au Japon en 2011, l’unique source d’information étant l’entreprise TEPCO, les secours ont été retardés d’au moins trois jours.

Il ressort de cet entrevue que le SDIS dans la zone Drôme –Ardèche –Isère – Vaucluse est organisé en équipes pompiers « Risques technologiques : chimiques et radiologiques  » (3 véhicules + une quatrième équipe en réserve pour la Drôme avec plus d’une centaine de pompiers (120 à 150) formés régulièrement). Ces équipes ont un contaminomètre, peuvent effectuer des prélèvements  (végétaux, air, eau) et sont en mesure d’établir des paramètres de sécurité en lien avec l’ASN. Dans un centre de décision qui dispose en temps réel des mesures prises par les balises sur le territoire national, se trouve un officier d’astreinte qui est en lien avec les astreintes de l’ASN et de l’INRS. Un officier est aussi en poste sur le site du Tricastin. En outre le commandant signale que plusieurs pompiers volontaires sont des salariés d’EDF ou Areva et ont donc une bonne connaissance du nucléaire…… mais sont aussi sensibles aux pressions de leurs employeurs… Il rappelle aussi que dans les centrales, il y a des services privés de pompiers.

Le SDIS admet un changement "de doctrine nationale" : auparavant « mise à l’abri » et « confinement », et maintenant « évacuation » (s’est-on aperçu de l’inefficacité du Plan Iode ?)

Ces détails rassurants de l’encadrement méritent d’être confrontés à la réalité du terrain : nous nous proposons donc de rencontrer les organisations syndicales du SDIS.

Le SDIS reconnait disposer du plan des transports des matières radioactives mais admet les  limites des compétences des pompiers : rôle de constatation des dysfonctionnements mais pas de rôle d'alerte (donc aucun rôle de prévention). Ils reconnaissent ainsi que lors de l’intervention à St Rambert d’Albon, ils n’ont pas alerté sur l’état des voies ferrées et les causes du déraillement, pas plus que sur le stationnement d’un château plus de 15 mn dans la gare. Pour le SDIS, il s’agit de la seule responsabilité du transporteur (la SNCF dans ce cas). Ils ne maitrisent pas plus les risques d’accidents dans le tunnel de Valence,  sur les nombreux passages à niveaux  ou encore sur l’autoroute A7 avec les nombreux camions qui y circulent..

On voit poindre ainsi un des éléments d’accidentologie, la dilution des responsabilités, d’autant plus que tout le monde fait confiance à tout le monde. Ni l’ASN, ni le SDIS et encore moins le préfet ne sont en charge de l’établissement des itinéraires, laissé à la seule discrétion du transporteur qui lui ne connait pas grand-chose à la dangerosité des différents transports de matières nucléaires.

C’est sur ce point en particulier qu’il va falloir que nous communiquions tant dans nos infos que dans les médias… Nous leur avons remis la note de l’ASN au CNHSCT de la SNCF concernant les transports de « Castors ». (en PJ )

Pour ce qui est d’un accident nucléaire dans un réacteur ou lors d’un transport, les pompiers seront les premiers sur le terrain ; mais en sortant de cette rencontre nous avions le sentiment qu’ils seront surtout les premières victimes plutôt que des éléments efficaces d’analyse de l’accident.

Christine Malfay-Régnier et Dominique Malvaud

 

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