SDN 26-07 a rencontré le Préfet de la Drôme.

Communiqué de presse : Sortir du Nucléaire Drôme Ardèche
Vendredi 24 janvier 2013, une délégation de Sortir du Nucléaire Drôme Ardèche a rencontré le Préfet de la Drôme.
Cette entrevue réalisée à la demande de SDN 26-07 a duré une heure trente et a porté sur plusieurs sujets concernant les transports de matières radioactives par rail et route, la sécurité des populations et riverains de notre département, la teneur des documents d’informations, et les mesures à prendre en cas d’accident nucléaire.
Si le préfet et son cabinet ont répondu sans hésitation à nos différentes interpellations sans chercher à tergiverser ou à cacher les limites de leur tâche, leurs réponses ont malheureusement confirmé la justesse de nos inquiétudes.
C’est le préfet qui est en charge de l’organisation des secours, des évacuations et de l’information des populations  en cas d’accident nucléaire. Notre première interrogation portait donc sur les éléments d’information à sa disposition qui lui permettraient à la fois de prendre la mesure exacte de la situation et du danger et d’organiser le plan ORSEC.

 Eléments d’informations (scientifiques, techniques….) sur lesquels vous baserez vos décisions en matière de sécurité publique en cas d’accident. Détail des mesures que vous seriez amené à prendre en cas d’accident routier ou ferré en fonction des matières transportées et description des zones d’évacuations envisagées.
Sur ce point le préfet nous rassure en assurant que ni EDF ni Areva ne seraient ses conseillers même s’il reconnait qu’il serait obligatoirement en contact avec eux.  En effet nous avons tous en mémoire qu’à Fukushima, TEPCO (l’entreprise gestionnaire des centrales) a attendu trois jours avant de divulguer la réalité de la situation sur le site afin d’éviter de perdre de l’argent. Les deux sources d’information du préfet sont le SDIS de la Drôme (pompiers disposant de moyens propres à l’analyse d’un tel accident) et l’ASN. Toutefois, le Schéma Départemental des Risques, qui servira de base aux décisions qu’il aurait à prendre, date de 2004 et est seulement en  voie de réécriture. Le préfet, s’il accepte à titre personnel que des associations comme SDN 26/07 puissent participer à sa rédaction nous précise que la décision dépend du ministère de l’écologie. Nous attendons la réponse du ministre. A part l’assurance (non prouvée) que le SDIS peut intervenir rapidement avec les moyens nécessaires, le préfet reconnait qu’aucune étude n’est faite sur des accidents possibles (déraillement et incendie d’un wagon dans tunnel de Valence et comment éviter un embrasement similaire à celui du tunnel du Mont Blanc, accident routier sur l’autoroute A7 etc…)
Quelle politique d’information du public et des élus développez-vous et quelles réflexions menez-vous pour l’améliorer ?
Après plusieurs rencontres avec des maires des communes de la Drôme et la récupération des documents d’informations des municipalités adressés aux habitants , nous avons constaté l’absence totale d’informations aux riverains sur les transports de matières radioactives. Les transports de matières nucléaires n'y figurent pas car il s'agit « de risques diffus » et donc « peu traités » dira le préfet.

De même le Dossier Départemental sur les Risques Majeurs (DDRM) réalisé par la préfecture et censé fournir « les informations essentielles sur les risques naturels et technologiques majeurs du département des communes de la Drôme » (document accessible sur le site internet de la préfecture) fait la même impasse. Le préfet reconnait cette absence et la faible information dont disposent les maires des communes traversées par ces convois mais ne propose pas de solutions. Seules les communes situées dans un rayon de 10 km autour des installations nucléaires (Cruas, St Alban, Romans sur Isère et Tricastin) sont considérées par la préfecture. Rien n’est envisagé pour les autres communes. En résumé, beaucoup de documents différents et pas forcément bien diffusés et peu renseignés. (La proximité de Bugey n'est pas mentionnée parce qu'elle n'est pas sur la Drôme, bien qu’avec les vents nous soyons très concernés).

De quels éléments d’analyse et de quels moyens disposez-vous pour contrôler le respect par les entreprises concernées (y compris les entreprises sous-traitantes) des lois et dispositions en vigueur en matière de sécurité des transports ? Quelles sont les mesures de protections mises en place à destination des conducteurs de camion ? Quel contrôle est-il exercé ? Quelles sont les sociétés en charge de ces transports ? Sont-ils sous-traités ?
Le préfet renvoie sur les services de contrôle de l’état pour la mise en application du RID (Règlement concernant le transport international ferroviaire des marchandises dangereuses) et de l'Accord européen relatif au transport international des marchandises dangereuses par route appelé aussi ADR. Contrôle de police, de l’inspection du travail, de la médecine de sécurité. Mais le développement de la sous-traitance, les dures conditions de travail des routiers tentés de passer outre la règlementation pour respecter les délais et coût de livraison ne pousse pas la préfecture à assurer un contrôle particulier dans notre département. Pour ce qui concerne le rail, L’ASN (CNHSCT de la SNCF note de l’ASN du 26 octobre 2010 page 4 point V)  déclare ne pas être en charge de vérifier la sureté des itinéraires ferrés (état des voies, nombre de tunnels, de passages à niveau, d’interdictions de croisement), le transporteur (la SNCF) en étant le garant. Le préfet comme l’ASN laisse à la seule SNCF le soin de s’assurer de la sécurité de ces transports. Les déraillements  de wagons nucléaires à Cruas en novembre 2012 et en janvier 2013 à St Rambert d’Albon ne font toujours pas l’objet d’une enquête approfondie des services de la préfecture. Une enquête réalisée par SDN26/07 et un journaliste a pourtant démontré que l’état des voies ferrées était responsable des déraillements. (http://www.francetvinfo.fr/faits-divers/accident-de-train-a-bretigny/apres-bretigny-la-prochaine-catastrophe-ferroviaire-pourrait-venir-d-une-voie-de-service_389613.html)
 
Quelle est la quantité de matière transportée par jour, par camion et par train ? Combien de camions circulent chaque jour ? Chaque semaine ?  Quelle est l'activité radioactive des colis ? Quels sont les itinéraires empruntés ?
Si le préfet reconnait avoir le plan des transports et déclare, pour des raisons de sécurité, ne pas pouvoir le fournir aux élus et aux associations, nous n’avons pas été convaincus qu’il disposait lui-même de toute l’information nécessaire. Aucune réflexion sur les croisements de transports chimiques ou de combustibles avec les transports nucléaires n’est menée dans le département tant sur le réseau ferré que sur les routes. Il ne s’étendra pas non plus sur la nature des matières radioactives transportées.
 
En conclusion, Sortir du Nucléaire Drôme Ardèche est prêt à participer à une commission d’écriture du schéma départemental des risques et propose que les maires des communes traversées par des convois soient formés au risque accidents et informé des mesures à prendre en cas d’accident dans ou à proximité de leur ville. Nous allons demander à rencontrer le colonel du SDIS et les syndicats de pompiers ainsi que les inspecteurs de l’ASN afin de prendre la mesure de leur capacité d’intervention rapide et de leur moyen d’analyse pour caractériser un accident nucléaire.

Florilège des déclarations de Monsieur LANGA, Préfet de la Drôme depuis 3 mois et demi, le 24 Janvier 2013.
« Il existe des facteurs de risques majeurs très importants sur mon territoire ».
« Nous sommes loin d'être d'accord sur tout avec AREVA et EDF, il y a certains points de conflits entre nous. »
« Je ne vous dirai jamais que nos plans sont parfaits, que tout est maîtrisé et qu'il ne se passerait rien.... »
 « Le risque nucléaire n'est pas un risque comme les autres, c'est un risque supérieur aux autres. »


Contacts SDN 2607  : contact@sdn26-07   -   09.72.35.89.60


 







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