Chronique d'un non-événement

Arrêt automatique du réacteur N°2 du Tricastin - Chronique d'un non-événement ...

Mardi 27 août vers midi, le réacteur N° 2 d'une des plus vétustes centrales EDF, celle du Tricastin, s'est une nouvelle fois subitement arrêtée en mode automatique. EDF 5 heures plus tard décidera d'envoyer une information, d'abord sur son site internet, puis, un "copier-coller" tout aussi laconique aux pouvoirs publiques (Autorité de Sureté Nucléaire) et aux membres de la CLIGEET (Commission Locale d'Information des Grands Equipements Energétiques du Tricastin).

Bien évidemment, comme systématiquement en pareil situation, les euphémismes et autres normalités sont de mise : l'événement est survenu "dans la partie non nucléaire des installations", ces mêmes installations sont nommées INB (Installation Nucléaire de Base) ! Cherchez l'erreur ... C'est d'ailleurs en cette qualité qu'une Commission Locale d'Information (CLI) leur est systématiquement associée.
Une fois de plus, les directives prudentes du "Service de la Communication" ont fait leur œuvre ...
 en minimisant systématiquement la portée d'un tel événement.

Allons plus loin. Un membre de la CLIGEET, siégeant pour le compte de la FRAPNA Drôme, s'est préoccupé de ne pas avoir d'information sur l'avancement de cette situation. Il a appelé la Préfecture, mercredi 28 au soir, vers 22h, soit après plus d'une trentaine d'heures passés dans un silence total, tant de la part de l'exploitant EDF, que des autorités. Quelle ne fût pas sa surprise quand il s'est vu , malgré sa qualité de membre de la Commission Locale d'Information, expédié par les services de gardes de la Préfecture directement sur le standard téléphonique de la dite centrale !

C'est alors qu'une scène surréaliste va se jouer. Le standard, incapable de répondre aux simples questions posées, promet qu'une personne compétente va rappeler pour satisfaire aux demandes.

En effet, dans le quart d'heure suivant, le chef d'équipe Protection du CNPE EDF l'a rappelé. Après les formalités de présentationd'usage, cette personne demandera qu'on lui explique la fonction de la CLIGEET, car il supposait que ce sigle était celui d'une entreprise ... Une fois cette mise au point effectuée, rappelant que depuis la loi de 2006 sur le nucléaire et la transparence, cette commission composée d'experts, d'exploitants, d'élus, de syndicats et de représentants associatifs, était en charge de garantir l'accès à l'information auprès des populations , le représentant de la FRAPNA Drôme demanda si la situation en cours de traitement se déroulait conformément à la normale ? La réponse a été expéditive, " Je ne peux pas vous répondre, une personne du "Service de la Communication" vous appellera demain dès 7h45 ". Ainsi s'est terminée la conversation. Le lendemain, soit le vendredi 30, effectivement, vers 9h00, Mme Edith Coste, en charge de la communication d'EDF a pris la peine de téléphoner à ce membre de la CLIGEET pour se dédouaner en expliquant que 1/ les obligations légales avaient été remplies, que 2/rien ne justifiait de communiquer d'avantage en pareil cas de non-événement, et conclu sur un autre élément de normalité en promettant que seul un communiqué de redémarrage serait publié pour clore l'incident.

Il convient de retenir de cette « Tranche de vie atomique » plusieurs points : 

  • EDF est incapable de donner une information factuelle, non préalablement interprétée par son service communication et ce, même aux membres de la Commission Locale d'Information ...

En  pareille situation, rien ni personne ne se mobilise pour pallier une éventuelle dégradation des événements.

  • Les services de la Préfecture sont gardés dans la même ignorance que les populations, se fiant aux communiqués laconiques de l'exploitant.

  • Aucune astreinte n'existe, sauf peut-être, quand le "Service de la Communication" d'EDF considère les événements comme critiques.

  • Les membres de la CLIGEET n'ont pas d'interlocuteur défini

Pour la petite histoire, Mme COSTE a rappelé qu'un numéro vert était à la disposition de tous. Ce numéro diffuse un message enregistré en date du 14/08 ... pour ceux qui n'aiment pas les nouvelles fraîches ! Les autres numéros communiqués dans ce message sont accessibles 16h par semaine, cela ne ressemble en rien à un dispositif d'information adapté, ni aux "petits" événements et encore moins aux "grands".

En dehors des heures ouvrées du "Service de la Communication" d'EDF, impossible de savoir ce qu'il se passe dans cette centrale !

Bref, la mascarade vécue est parfaitement adaptée pour un non-événement, mais il est impossible de croire, alors que l'installation est vétuste, âgée de plus de 33 ans et de surcroît la plus complexe d'Europe, tant d'un point de vu atomique que chimique, que ce dispositif est sensé informer les populations, depuis la survenue d'un événement jusqu'à une situation critique selon le "Service de la Communication" !

41 heures, c'est le temps à traiter le problème, soit 41h pour qu'une "équipe" identifie une carte électronique défaillante et la remplace, selon le communiqué.

Les membres de la CLIGEET se concertent pour exiger du Président (le Conseil général de la Drôme), de la Préfecture et d’EDF/AREVA la mise en place d’une information immédiate, fiable et complète en cas d’incidents ou accidents nucléaire sur le Tricastin…. A suivre

SDN 26-07

Contact : Pierric Duflos , membre de la CLIGEET pour la FRAPNA – 06 28 34 73 32

1) Communiqués d'EDF ici

2) Site de la CLIGEET ici

3) N° Vert d'information EDF : 0800 00 08 42 (Tricastin)

4) parce qu'il vaut mieux en rire, c'est ici

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