En réponse à la conférence de presse d’EDF Tricastin - 21 mars 2013

Le vieillissement et la prolongation de la centrale du Tricastin : Enjeux et risques.

La fermeture programmée de la vieille centrale de Fessenheim inquiéterait elle EDF pour l’avenir de celle du Tricastin ?

Alors que les problèmes liés à l'énergie nucléaire se multiplient dans notre région : déraillement d’un wagon chargé de produits nucléaires le 21 janvier en gare de Saint Rambert d’Albon, arrêt du réacteur N°1 du Tricastin après l’incident électrique du jeudi 28 février 2013, passage quasi -clandestin d’un convoi de déchets radioactifs dans les communes de la Drome ces derniers jours ; les services de communication d’EDF essaient de nous faire croire que l’énergie nucléaire est une énergie d’avenir pour notre territoire (production électrique, emploi, sureté) et que cette centrale en fin de vie , après 30 ans de fonctionnement est comme neuve ! Rien n’est plus faux !

Pourquoi EDF se lance-t-elle dans cette opération de communication ?

C’est que l’enjeu financier est considérable. EDF veut prolonger ces centrales le plus longtemps possible pour des raisons strictement financières.
- la plupart des centrales nucléaires françaises ont été construites sur un temps très court, dans les années 80 à 90. L'arrêt brutal de ces 58 réacteurs au bout de 30 ans ferait chuter d'un coup la production d’électricité. Aucune provision n’a été faite pour les remplacer et l’investissement nécessaire est tellement considérable (8,5 milliards d’euros rien que pour l’EPR de Flamanville) qu’EDF n’hésite plus « à jouer avec le feu » en proposant un doublement de l’activité des réacteurs.

Augmenter la durée de vie des centrales permet donc de continuer à produire de l'électricité à « moindre coût » à court terme en renvoyant la décision de fermeture à la génération suivante.

Mais doubler la durée de vie d’un réacteur est-il sans conséquence sur la sécurité ?

Les risques d’un vieillissement mal maitrisé sont majeurs : Tous les composants des réacteurs sont soumis à la fatigue des matériaux , la corrosion , et l’irradiation : les générateurs de vapeur , l’enceinte de béton , la tuyauterie , les soudures , les vannes, les pompes, les équipements de contrôle-commande, les câbles.., tout ... et en particulier la cuve qui joue un rôle essentiel vis à vis des trois fonctions de sureté du réacteur tel le confinement de la matière radioactive, la maitrise de la réaction en chaine et le refroidissement du cœur.

Certaines pièces peuvent être changées mais la cuve en acier qui contient le cœur du réacteur est le seul élément que l’on ne pourra jamais remplacer, pourtant elle subit à la fois une température élevée (300°c), une pression importante et une forte irradiation au cours du fonctionnement de la centrale. Sous l’effet des neutrons, l’acier de la cuve devient plus «fragile» : sa résistance à la rupture est amoindrie en présence d’un défaut. Or un rapport de l’ASN de novembre 2010 signale 17 défauts non-corrigeables (fissures) sur la cuve du réacteur N° 1 du Tricastin !

Le vieillissement entraine aussi une augmentation progressive du nombre d’incidents (plusieurs centaines depuis 10 ans tels que : fuites, court-circuit, rejets atmosphériques, contamination ‘une centaine de travailleurs le 23/07/2008 ...) les phénomènes de vieillissement restent mal connus et on ne peut pas tous les déceler. Si EDF ne connait pas le degré de fragilité de ses installations, c’est inquiétant, si elle le cache c’est encore plus grave.

En communiquant sur «Tricastin fournit 45 % de l’électricité consommée en Rhône Alpes »,  EDF cherche à faire  pression sur les autorités et l’opinion publique. Un arrêt de Tricastin provoquerait donc une catastrophe énergétique dans la région ?  Si l’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres, il est bon de rappeler :
- Qu’un seul réacteur sur quatre de Tricastin fournissait de l’électricité au réseau régional jusqu’en juin 2012(date de la fermeture de l’usine Georges Besse 1) et que la région ne s’en est pas plus mal portée.
- Que notre région consomme plus que la moyenne des autres régions (10,3% de la consommation nationale, soit 60 000 à 65 000 GWh/an).
- Que si seulement 15,5% de la production d’énergie provient actuellement des énergies renouvelables, la région Rhône-Alpes dispose de nombreux atouts à valoriser pour contribuer au développement des énergies renouvelables : des ressources hydroélectriques importantes, un gisement important de biomasse qu’il convient de valoriser, un ensoleillement favorable pour le développement des installations solaires photovoltaïques et thermiques et des ressources en vent

C’est pourquoi la fermeture immédiate de la vieille centrale du Tricastin est à la fois un impératif de sécurité majeure et une occasion moins onéreuse (que la construction de nouveaux réacteurs)  de développer le potentiel des énergies renouvelables porteuses d’emplois non-délocalisables et non précaires en Rhône Alpes.

Alain Volle et Dominique Malvaud
SDN 26-07 membre du Collectif STOP Tricastin
www.stoptricastin.org et contact@stoptricastin.org

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